Les personnages de la révolution.
JIHEL ET LES PERSONNAGES DE LA REVOLUTION ET DE L'EMPIRE
J'ai connu Jacques Lardie, il y a 30 ans alors que je débutais une collection de cartes maçonniques, il était inévitable que j'entre en contact avec lui : nous avons tissé des liens amicaux où chacun garde son franc-parler. Il reste pour moi une énigme avec ses côtés lumineux ou plus noirs. Dans une lettre de 1989, il écrivait: "Je suis un peu amer pour ce qui touche à la création, trop de " Vie chez les FF. Trois points", trop de Jaurès, pas assez de Marchais, plus de Joconde, moins de Chirac, plus du tout de Le Pen, mais ne peut-on, au moins une fois, laisser le créateur se débattre avec ses idées, sa création et arrêter de l'influencer, de prendre telle ou telle direction ? et m..., m...,et m...!"... et il est devenu Jihel le Grand, au courant de tout, au savoir encyclopédique, conquérant à la tête d'une immense armée de cartes qui lui permet de satisfaire tous les thèmes cartophiles. Trop de cartes, parfois des choix imposés, c'est vrai, mais il lui sera beaucoup pardonné, car il a beaucoup illustré. Ainsi pour ma brochure "La Franc-maçonnerie napoléonienne par les cartes postales ", j'en ai trouvé 35, Talleyrand inclus.
La page du site sur Talleyrand : " Les personnages de la Révolution française et de l'Empire" comporte 200 cartes, ce qui représente moins de 10% de la production totale de ce thème. Les plus anciennes de la Série" Ciment de l'histoire" remontent au 20e s . Il n'est pas facile de se retrouver dans cet enchevêtrement de cartes ,en parties répétitives, et de genres. Cette sélection est assez objective car on y rencontre les grands révolutionnaires comme Danton, Mirabeau et d'autres moins connus. Les grandes journées sont évoquées et la guillotine bien installée avec une douzaine de cartes. Jihel ne se contente pas d'une iconographie historique, il enfourche le surréalisme et l'anachronisme avec une audace confondante: par exemple, il guillotine la Joconde, il fallait oser ! L'idylle supposée de Marie-Antoinette avec de Fersen apporte un souffle d'air frais dans ce grouillement révolutionnaire ! Une quarantaine de francs-maçons figurent dans ce recensement. On aurait pu souhaiter,- mais ça a été fait dans d'autres séries -, que la Franc-maçonnerie y soit présentée sous un meilleur jour ! Les initiés sauront lire au second degré, même avec un Talleyrand omniprésent ! Cela dit, la recherche métaphorique atteint de tels sommets qu'elle renouvelle totalement l'iconographie satirico-historique en forçant les personnages à cohabiter. Chaque carte est une construction, parfois laborieuse, qui réutilise des matériaux tels que, photo, dessin, bulle de BD, titres encadrés , image d'Epinal, personnage et document historique. Il faudrait inventer un nouveau terme pour condenser tous ces emprunts et leur agencement artistique souvent ésotérique. Chaque superposition est un flash braqué sur un évènement ou un comportement que le contexte, le vécu du personnage et les obsessions de Jihel permettent d'éclairer en lumière crue. Ces montages sont ubiquistes, ils remontent le temps, modifient le passé et intègrent le présent .Les cartes Lardie se "méritent ", elles exigent une solide connaissance de la Révolution. Alors, on peut entrer dans ce monde à la fois sombre et lumineux des arcanes secrets de la condition humaine.
Francis Cévènes, écrivain
Auteur de:
-La Franc-maçonnerie à la Belle Epoque par la carte postale, édition A l'Orient
- La Franc-maçonnerie napoléonienne, par les cartes postales : 20 maréchaux francs-maçons.