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RENAUD

 JIHEL chante Renaud.

 

Jihel et Renaud c'est amour et désamour, une grande complicité d'esprit sur des thèmes épars, la musique, le dessin, la peinture, Mai 68, Joan Baez, Léo ferré, l'anarchie, Charlie Hebdo, la révolte permanente...Et puis le chanteur énervant a embrassé un flic...

 

C'est Mai 68 qui fit se rencontrer ces deux artistes ou en passe de l'être, la Sorbonne occupée, puis l'après 68 et le Mont Lozère dans les Cévennes au coeur d'une communauté anarchiste. De grands vides vont s'ensuivrent, des carrières parallèles, des rencontres espacées, mais des affinités, des combats, un antimilitarisme actif, un engagement pro Palestinien qui fera que tous deux furent accusés d'antisémitisme (trop facile) les attaques contre la police puis les restos du coeur, Médecins sans frontières et SOS Racisme, des vies engagées, une passion forte pour l'écologie et la protection animale, des actions pirates contre les corridas.

 

 Mais voilà le chanteur énervant a embrassé un flic... alors ce fut au tour de Jihel de s'énerver, des dessins contre son poteau vont fleurir sur les réseaux sociaux, un va même être repris par la presse d'extrême droite, des publications vont fleurir en cartes postales et dans la presse nationale, le désamour est engagé, un chroniqueur ira jusqu'à parler de rupture entre Renaud et le mouvement anarchiste nommant Jihel comme lien, je cite : "Le chanteur Renaud perd de sa superbe et de sa révolte, le mouvement anarchiste se désolidarise de ses déclarations sur la police et l'un de ses plus fidèles amis, l'artiste Jihel le lâche" Aux dernières nouvelles Jihel aurait déclaré "C'est un mouvement d'humeur, je n'efface pas d'un revers de la main plus de 40 ans de complicité, mais pour ma part je ne connais toujours pas un flic qui mérite d'être embrassé, mais je ne suis pas mort, qui sait ? Bon, je plaisante."

 

Mais il ne faut pas nier cette période ou Jihel magnifia dans des dessins sérigraphiés superbes son ami, associé souvent à d'autres acteurs de la révolte tels Brassens, Ferré, Joan Baez, Coluche ou Ribeiro, mais aussi des dessins charges contre Thatcher ou Sarkozy, des dessins également où Jihel part dans ses dérives ésotériques, j'avoue une préférence bien ancrée pour ce type de dessins ou l'interrogation est de mise, la connaissance de Jihel nous explose à la figure, des dessins ou la réflexion est plombante, anxiogène et clivante, il faut avoir l'esprit vif pour détecter l'intimité de cette tranche d'histoire, je sens l'artiste sur mon épaule qui me dit " décrypte, encense, rigole, raconte." la tonalité est juste, les personnages sont seulement hors temps, mais nous sommes nous posés la question essentielle de savoir si notre culture n'était pas d'arrière garde, si dans les coulisses de notre vie, Jihel en s'autorisant cette liberté ne nous donnait pas le souffle manquant à notre imagination.

 

Renaud ne pourra pas s'empêcher de s'interroger sur le fil de sa vie, un jour ou l'autre, car Jihel est là pour la lui rappeler dessin après dessin, il reste son grand frère, son ainé de cinq ans qui veille sur lui, en bien, en mal qui le dira ?

 

Elvire CAMPAGNI

Journaliste.

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